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Il est fréquent qu’un stagiaire, ou un jeune animateur, craigne de ne pas être écouté par les enfants. Le groupe est un public particulier qu’il faut apprendre à animer avec assurance et confiance.

Pourtant ces craintes, légitimes au premier abord, peuvent disparaître par une approche détendue et assumée de l’animation, si une relecture des différentes situations avec la direction est proposée. Occasion d’apprendre à se connaître, à gérer ses propres émotions, afin que l’expérience auprès du jeune public puisse se fonder sur une certaine conviction de son bien-fondé.

En relisant une situation qui a semblé conflictuelle, l’animateur ou l’animatrice pourra découvrir les circonstances qui l’ont fait éventuellement dégénérer, en évaluer les conséquences. Il ou elle pourra alors choisir d’établir une relation avec le jeune, plus ajustée aux situations.

L’encouragement du stagiaire à ce stade est primordial. La découverte d’un savoir-être et d’un savoir-faire se fera par un accompagnement spécifique. La notion d’autorité peut avoir été faussée par une pensée un peu binaire.  Elle n’est pas « d’avoir l’ascendant sur le jeune» mais une mise en mouvement qui donne la direction et stimule à l’action, dans un esprit de coopération. D’où la nécessité pour les stagiaires de relire leurs expériences positives d’autorité pour fortifier leur confiance en eux-mêmes et leur permettre de croire en leur capacité d’exercer l’animation avec cette autorité naturelle que lui donne sa place.

Établir des relations de coopération dans le respect mutuel.

S’appuyer sur une bonne estime de soi et une approche bienveillante des jeunes afin de leur proposer un cadre de vie qui permette à chacun de désirer vivre harmonieusement la vie du groupe, dans la complémentarité des différentes personnes qui le composent. C’est exercer son rôle d’animateur.

L’autorité est tout simplement donnée par le groupe comme vecteur d’unité et de croissance, de réussite des activités et des projets, bénéfique pour tous, par la qualité de l’ambiance qu’elle établit, si elle est juste. Elle n’est pas une « supériorité » à avoir pour être obéi. S’il n’y a pas de danger, relativiser la résistance d’un jeune afin de comprendre ce qu’il exprime et  ouvrir ultérieurement un dialogue avec lui.

L’autorité, un don, une responsabilité qui s’apprend

Le stagiaire reçoit l’autorité, de sa fonction d’animateur. Les jeunes la lui reconnaissent et acceptent de l’écouter et d’agir s’ils ont compris sa valeur pour eux-mêmes et pour le groupe.

  • L’attention aux jeunes, leur écoute.

Pour être respecté des jeunes, il est nécessaire de leur être attentif, de savoir les écouter, de leur manifester de la bienveillance, de la considération, de s’intéresser à ce qu’ils vivent, à leurs difficultés ou à leur potentiel. Ainsi leur confiance se gagne,  première étape vers l’acceptation de votre autorité.

De votre observation, essentielle dès les 1ères rencontres, vous obtiendrez des éléments de discernement tels que découvrir les jeunes qui provoquent, ceux qui ont de l’influence, ou au contraire ceux qui semblent à la traîne et peuvent jouer les victimes … Ces éléments seront précieux pour une bonne relecture des situations afin d’apaiser aussitôt les éventuels conflits. Si un enfant se plaint d’avoir été frappé, lui reconnaître le choc reçu, en rappelant que ce comportement violent est interdit, tout en lui mentionnant  éventuellement sa propre provocation, par exemple. Occasion de proposer alors d’autres moyens de régler une colère…

Une clé essentielle de l’autorité est la juste distance dans la relation dès le début, la non recherche d’être « aimé »… L’enfant appréciera la sécurité donnée par cette attitude adulte. Savoir se positionner proche des jeunes confiés, mais avec la conscience de sa responsabilité vis-à-vis d’eux, afin qu’ils ressentent la fiabilité et la qualité de cette relation éducative.

  • L’autorité a un but : le bien-vivre ensemble

Se poser la question des raisons d’exercer votre autorité dans une situation donnée. Serait-ce pour « avoir la paix », « faire taire une revendication », « arriver à vos fins »… Alors elle sera vite contestée et mise à bas. Sa finalité n’est pas « vous » mais le groupe, les jeunes ! Si vous proposez un cadre pour le bon déroulement d’une activité, ils l’accepteront volontiers. Des règles pour le bien commun seront mieux acceptées et respectées que des règles arbitraires.

  • Donner la raison de votre intervention, permet au jeune de l’accepter.

Partager votre raisonnement est une preuve de considération pour le jeune. Vous lui donnez des clés pour apprendre le discernement. Vos arguments vont l’éclairer et lui permettre de choisir d’agir, de lui-même. Si vous ne lui donnez que la conclusion de votre décision, il ne pourra pas développer son propre jugement. Il n’apprendra pas à analyser une situation pour prendre une bonne décision. L’énergie de l’action vient de la compréhension de son bienfondé.

Ne craignez pas d’expliciter les règles les plus basiques. Cela vous demandera de retrouver par vous-même le bon sens de chacune. Certains jeunes vont vous en demander davantage, soyez patient, mais attentif à vos limites également afin de rester paisible. Importance de demeurer impartial et toujours dans la maîtrise de soi.

  • Aller dans le sens de vos propres compétences

Sûr que vous avez des préférences pour certaines activités. C’est le moment de vous lancer. Les jeunes sentiront le plaisir que vous y prenez et y seront entraînés. Il y a un certain mimétisme qui opère. La passion se communique ! Vous aimez le théâtre ? Jouez ! Vous êtes un passionné du ballon, donnez-vous ! Les jeunes suivront !

Comment intervenir fermement quand il le faut

Parfois vous serez tenté d’élever la voix, de hausser le ton. Il vous faudra manifester un mécontentement, rappeler à l’ordre …

  • Rester toujours vigilant dans votre mission d’animateur

L’animateur a une relation d’Adulte à enfant. Il n’a jamais à être « copain ». Cela permet de se positionner en cas de difficulté. Communiquer avec le jeune dans le respect et préférer poser une question qui lui redonne le pouvoir de bien agir de son propre chef. « As-tu pensé à… ? » « Pourquoi ne ranges-tu pas… ». Ne jamais ironiser  ni lancer un commentaire déplaisant. Rester positif et attentionné à ce qui va être bénéfique pour le jeune.

  • Maîtriser le ton et le volume de sa voix.

Si le ton monte… ne pas se laisser aller à crier. Vous risquez de perdre votre crédibilité. Il faut arriver à prendre un peu de recul, respirer lentement, ralentir le débit de vos paroles, baisser la voix, en la gardant ferme. Pour faire retomber la tension, la gestion de votre ressenti est essentiel. Rappelez-vous votre objectif : par votre exemple, entraîner le groupe et chacun à se respecter pour vivre un projet dans une ambiance qui permet à tous de s’épanouir

  • Réfléchir à une attitude qui permet aux enfants de retrouver leur calme

Chacun trouvera l’inspiration qui lui sied : Si le groupe est trop agité, lancer un chant qui va le réunifier, ou annoncer, en levant la mai,n que celui qui est prêt en fasse autant pour manifester qu’il écoute… Savoir se positionner de façon stratégique pour dire fermement mais paisiblement  ce qui ne va pas…

Oser parfois et à bon escient, un certain humour pour décrire une situation limite : « Je décerne la coupe de la meilleure équipe de rangement à … »

  • Proposer au groupe de trouver les raisons d’un bon comportement

Il peut être intéressant d’inviter le groupe à réfléchir et inventorier lui-même les principes et l’explication d’un conseil donné ou le rappel d’une règle, à l’occasion d’un écart.

Le jeune qui aura été repris saura entendre de ses amis le bon sens de la ligne de conduite.

Si un différend, une querelle, une altercation dégénère…

  • Écarter les adversaires du groupe

Pas de « punition collective » ni de brimade personnelle devant le groupe. Il est important de protéger le groupe d’un ou de plusieurs jeune(s) énervé(s), responsable(s) du conflit et de veiller à respecter celui-ci ou ceux-ci en le ou les isolant. Toute « correction » viendra avec un peu de recul, le temps de laisser retomber l’émotion et sera en face à face, seul à seul. Il n’y aura pas d’humiliation, mais une invitation à se responsabiliser. La patience obtient tout.

  • Ni intimidation, ni pression ni menace

C’est la qualité de votre présence, de votre écoute, de votre confiance qui va permettre au jeune d’exprimer le ressenti qui l’a fait agir ainsi. Sa plainte entendue, la tension peut retomber et il pourra retrouver son calme. Aucune annonce de privation, de punition, n’aura cet impact. Le jeune pourrait le prendre pour de la manipulation ou du chantage et redoubler de colère.

Oui la patience, la bienveillance et l’exigence dans la qualité de la relation peuvent permettre un dialogue de qualité, une fois l’émotion apaisée. Bienfaits de la communication « non violente » ! Si nécessaire ne pas hésiter à passer le relais, ou à demander la médiation à un autre animateur ou au directeur. Il est aussi toujours possible d’adapter la règle. Passer « contrat » avec le jeune est également parfois une bonne façon de le responsabiliser.

  • Si sanction il y a …l’ajuster à la situation et l’expliciter au jeune.

Le jeune doit assumer les conséquences de ses actes afin de lui permettre de se raisonner. Il doit apprendre à reconnaître ses torts, à présenter ses excuses, à découvrir que c’est fort ! L’objectif de la sanction doit être bien défini et exprimé. Réparer suite à un acte commis est nécessaire. Les raisons d’une interdiction doivent être claires et réelles : les dangers, la sécurité, la confiance à regagner…

Les jeunes sont sensibles à ce qui est juste ou non, et au sentiment d’être considéré, malgré leur acte. Il peut être bon de rappeler que c’est l’acte qui est jugé bon ou mauvais et non la personne. Ce qui équivaut à dire, je crois en toi, et c’est important que le jeune le ressente et l’entende dire ! Cela lui redonnera des ailes !